Les produits de complémentation orale sont des préparations nutritives destinées à pallier des apports incomplets ou une augmentation des besoins de l'organisme, insuffisamment couverts par l'alimentation, et ne doivent pas remplacer celle- ci.
Les compléments hypercalo- riques sont utiles en cas de dénutrition d'apport (perte d'appétit, problèmes de masti- cation ou déglutition…). Les compléments hypercaloriques hyperprotidiques s'adressent aux patients souffrant de dénutrition endogène ou liée à un hyper catabolisme (cancer, VIH, escarres…).
La considération croissante de la dénutrition en santé publique a abouti à une évolu- tion réglementaire de poids : depuis l'arrêté du 9 décembre 2009, les conditions de rem- boursement ne sont plus asso- ciées à la pathologie du patient mais aux critères avérés de dénutrition. De quoi favoriser la prescription des produits chez les personnes dénutries. Lorsqu'ils forment la seule source d'alimentation,7 ou 8 portions sont recommandées quotidiennement. EN revanche lorsqu'ils complètent une ali- mentation orale classique,2 ou3 portions suffisent. Dans ce cas, ils doivent être consommés à distance des repas pour ne pas entraver l'appétit et rédui- re les « ingesta » des princi- paux repas. Ces produits exis- tent dans des compositions salées ou sucrés.
Composition :
Les groupes de compléments nutritionnels répertoriés sont au nombre de trois :
Le premier groupe comporte les produits équilibrés compre- nant des lipides, protides, glu- cides, minéraux, oligo-éléments et vitamines. Ce sont des mélanges polymériques. Ils sont « normo » ou « iso » calo- riques. Ils apportent 1 kcal/ml. Audelà de cet apport, ils sont dits hypercaloriques ou hyper énergétiques (appellations HC, HC+, 1.5, Ennery…). Ils peuvent être enrichis en lactose, en pro- téines et en fibres, qui limite la constipation. Notamment lorsque le traitement type opioïdes ou l\alimentation favorisent cette dernière. Leur consistance peut être liquide, semi-liquide ou pâteuse. Ils sont salés ou sucrés et le plus souvent prêts à l'emploi. Ces produits se conservent à tem- pérature ambiante avant leur ouverture.
Les produits du deuxième groupe sont constitués uniquement de lipides ou de glucides sous forme liquide (graisse) ou de poudre (sucres). Ils sont appelés monomériques. On les ajoute aux aliments pour en
augmenter la densité calorique.
Les produits du troisième groupe sont constitués des produis monomériques uniquement de protides. Ils se présentent sous forme de poudre à ajouter dans les aliments, pour augmenter les apports en protéines.
Ces compléments oraux sont à ne pas confondre avec les compléments alimentaires. Aussi appelés suppléments nutritifs oraux (SNO), ils apportent dans un petit volume une quantité non négligeable de calories (1 à 2kcal/ml) et de protéines (6 à 20g par portion).
Le choix du produit dépend du niveau d'apport protéino-éner- gétique souhaité, et des préférences gustatives du patient. Ils sont contre-indiqués si :
Les besoins nutritionnels sont couverts,
- En cas de « fausses routes » répétées,
-De vomissements, D'occlusion de diarrhées sévères,
-De pancréatite aigüe et Lorsque les apports oraux sont interrompus et dans toutes les situations ou le recours à l\alimentation artificielle est indiqué.
Non cité dans les tableaux précédents, mais a une place extrêmement importante dans les prescriptions : RENUTRYL, dont sa formule a été modifiée avec plus de protéines (38g/uni- té), plus de calories (600kcal/unité) plus de variétés (4 saveurs : vanille, chocolat, fraise, pêche) et sans lactose pour plus de tolérance.
Le H.A.S. (Haute Autorité de Santé) a résumé l'approche du suivi nutritionnel de la person- ne âgée comme suit :
CONCLUSION
Le rôle des professionnels, libé- raux, médecins et pharmaciens, est primordial. Ils peuvent repérer les personnes à risque de dénutrition ou dénutris avant que les complications ne surviennent. Car pour le Docteur Emmanuel Alix, chef de service de médecine géria- trique au CHU du Mans, la pre- mière hospitalisation signe le début d'un engrenage dans lequel pathologies et complica- tions risquent de s'accumuler, avec des difficultés particu- lières à prendre en charge : la dénutrition elle-même.
La particularité de la place du pharmacien, dans le repérage des patients dénutris.
Le pharmacien est très bien placé pour repérer la dénutrition des sujets âgés arrivant à l'officine. Il faut se poser la question dès que l'on voit une personne décliner au fil de ses visites, qui semblent plus fati- guée ou ralentie. Il ne faut pas hésiter à la questionner sur ses habitudes alimentaires, la stimuler à manger. Pour ces sujets fragiles, il faudrait proposer régulièrement une pesée et voir dans quelle mesure leur poids a évolué sur les derniers mois. Ne pas hésiter à serrer la main des clients âgés pour voir s'ils ont un minimum de force. Regarder le balancement de la peau du bras à ce moment –là, c'est aussi un moyen simple de voir s'ils ont perdu de la masse musculaire. Dans ce cas ils sont probablement dénutris.
Il existe des réseaux de géron- tologiques, des services sociaux, des centres communaux d'action sociale(CCAS)….dans un but unique : ne pas laisser le sujet âgé se dégrader.
Bibliographie :
le Quotidien du pharmacien n 1858 janvier 2000
Le sujet âgé : B.LESOURD, M. FER- RY chapitre 52 (tiré de l'enseignement du D.U. de gérontologie de la faculté de pharmacie PARIS V). Profession pharmacien : N° 58 juin 2010
Profession pharmacien : N° 54 février 2010
Corpus de gériatrie : tome1 édition 2000
Le Moniteur du pharmacien : cahier N°11 du N° 2401 du 2 juin 2001
MEDILIEN 70 - Janvier -Février - Mars 2011 • 5
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